les poses









Ces quelques lignes pour décrire la particularité de ce yoga.
Nul besoin d'être un expert ou d'une extrême souplesse.
La seule exigence est le retour à soi même, le retour à l'écoute de notre corporalité, qu'elle soit tendue ou tranquille.
De cette écoute sans intention, l'énergie se déploie.

Les poses en avant.
Elles visent à stimuler l'énergie des régions basses du dos.
Le bassin doit rester le moteur. Le buste, les jambes et les bras ne font que suivre cette impulsion.
Le dos est toujours passif, car l'énergie que l'on y réveille se fige à la moindre tension musculaire.
Pendant longtemps, afin de déconditionner le dos, l'attention tactile se portera sur le devant du corps.
On couvre un immense espace loin devant, comme un oiseau qui atterrit, ailes écartées, sur un lac.
Le vidage des tensions des jambes et du bassin par l'exploration du contact avec le sol est primordial.

Les poses vers l'arrière.
Les poses vers l'arrière visent essentiellement la région dorsale et très peu la région lombaire.
Celle-ci ne fait que suivre et prolonger le mouvement dorsal.
Pour éviter certains antagonismes dans la région lombaire, il est d'une importance capitale que, dans ces poses, la sangle abdominale soit encore plus tenue que dans les autres. On doit sentir la région lombaire au repos, comme déposée dans la région abdominale.
La musculature du dos doit être gardée au maximum dans sa passivité.
Comme toujours, il faut éviter de pousser le mouvement et l'arrêter bien avant que nos capacités semblent nous permettre.
C'est la détente qui libère les antagonismes et non pas l'effort et la tension musculaire. Avant la pratique de ces poses, la dilatation optimale des mains, des pieds, du visage et de la région frontale sera activée. Seul cet éveil permettra l'absence d'une réaction musculaire qui, lors d'un travail mondain de style "souplesse et élongation", ne ferait que bloquer l'énergie en profondeur.

Les poses en torsion.
La torsion yogique est spirale. Sans étirement, car cela signifierait tenir, elle se déploie du bas de la colonne vers la tête ou, pour les poses inversées, du bassin vers les pieds. Le mouvement n'y est jamais latéral, mais vertical. De nombreux allers-retours, extrêmement lents au début puis de plus en plus rapides, permettent une déssolidification en profondeur. Ces mouvements préparent la pose statique. Les positions avant, arrière, inversées et en étirement vertical s'approfondissent par l'induction de torsions sur toutes les hauteur de la colonne.

L'élongation verticale.
Selon la science yogique, le buste est coupé en deux : tout ce qui se situe au dessous du diaphragme correspond à la région dite inférieure, ce qui est au dessus, à la région supérieure. Ces poses innombrables, assises, debout, voire allongées dans une moindre mesure, libèrent des tassements psychologiques et structurels de notre organisme. La séparation des dernières côtes des régions inférieures, digestives, rétablit déjà de nombreuses pathologies. Plus tard, ces mêmes mouvements, pratiqués plus en statique qu'en dynamique, seront réceptivité aux énergies subtiles. L'enseignement taoïste connaît un certain nombre de ces positions qui vitalisent le corps interne.

Poses inversées.
Les poses inversées visent à changer les polarités énergétiques du corps et les conventions mentales.
Le travail des variantes, essentiel au début pour désengoncer la colonne, se réduira de plus en plus pour bénéficier des extraordinaires effets d'une tenue statique d'envergure. Méditation tactile, ces poses ouvrent rapidement à la dimension sacrée de la pratique.
La concentration, nityayukta, déjà présente dans tous les asanas, est intensifiée dans ces positions.

extraits de "corps de vibration" Eric Baret, éditions Almora.